Hier, gros barnum médiatique pour une des innombrables émissions politiques de campagne présidentielles qui peuplent notre PAF depuis la rentrée : Ambition Intime animée par Karine Lemarchand.

On est un peu (beaucoup) perplexe devant cet objet télévisuel. D'un coté, une certaine empathie et sympathie se dégagent de chacun des candidats, car la dame Lemarchand sait y faire, et l'ambiance est sans doute propice, appart cosy chic, canapé moelleux, vin, lumière douce etc.

On se surprend à être accroché d'ailleurs à cette story telling bien menée et pourtant assez creuse sur le fond.

Mais de l'autre, on sait parfaitement à quels requins de la politique rompus à tous les exercices de com on a affaire...

Et si tous sont archi satisfaits de l'émission, c'est forcément inquiétant pour le spectateur puisqu'un politique malmené et extrait de sa zone de confort est toujours déçu d'une émission qu'il s'ingéniera ensuite à décrédibiliser.

S'ils ont donc adoré l'image renvoyée, maîtrisée, léchée, touchante, avec juste ce qu'il faut de larmichette et de vie privée sans creuser bien profond, c'est loin d'être innocent. On mesure bien quelle manipulation émotionnelle et totalement irrationnelle du spectateur s'insinue de manière évidente dans ce style d'émissions, probablement à l'insu de l'animatrice, pas assez journaliste sur le fond ni distanciée sur la forme pour éviter l'écueil (qu'elle n'a d'ailleurs pas cherché à éviter du tout, assumant son apolitisme)... En revanche, elle a gardé le même traitement à chacun des invités, ce qui est déjà bien...

Chacun (ou presque) sait que la présidentielle, telle qu'elle est conçue dans la 5ème république, focalise quasi exclusivement autour de la personnalité (ou du rejet) des individus au delà de leur idées. Cette émission en est la quintessence. Une absence abyssale de fond, mais une "personnalité" censée être dévoilée.

Conclusion : on est face à une télé réalité politique, et ce n'est pas anodin si autant de jeunes ont regardé, apprécié, twitté... Reprenant les codes qui font le succès de l'amour est dans le pré et autres "feel good tv", Lemarchand avait un boulevard pour rafler la mise face à des émissions de journalistes politiques qui font du journalisme politique (déja parfois bien galvaudé) et qui ont laissé sur le bas coté depuis longtemps tous ceux que la politique rebute.

On a déja une année politique qui s'annonce bien pourrie, revival de candidatures toutes plus écoeurantes et réchauffées les unes que les autres.

S'y ajoute la couche médiatique qui tente vainement de trouver un moyen de faire de l'audience sur une telle terre brulée, et donc en est réduite à la peoplisation mièvre, parce que le fond n'intéresse plus, et, plus grave mais révélateur, parce que le fond n'a plus aucune crédibilité (mais en a-t'il jamais eu dans cette monarchie républicaine qui aurait bien besoin d'un bon coup de balai constitutionnel ?).

Belle année en perspective...